COMMUNIQUE : Lettre du Pape François aux Dominicaines du Saint-Esprit.

par | Jan 29, 2022 | Communiqué

L’Institut des Dominicaines du Saint-Esprit rend publique une information importante le concernant.            Il vient de prendre connaissance d’une lettre du 23 décembre 2021 reçue directement du Saint-Père, le Pape François, qui vient conclure la Visite apostolique confiée en juin 2020 au Cardinal Marc Ouellet et effectuée par les deux Visiteurs Apostoliques nommés pour cette mission, Dom Jean-Charles Nault, osb et Mère Emmanuelle Desjobert, O.Cist.

Le Souverain Pontife débute son courrier en affirmant qu’il a suivi lui-même « de très près cette visite, prenant personnellement les décisions qui s’imposaient ».

Il exprime ensuite des propos d’encouragement pour l’avenir de l’Institut, compte tenu des résultats de la Visite. Celle-ci a en effet permis de faire la lumière sur des difficultés du passé mais aussi de proposer et commencer la mise en œuvre des solutions. Très confiant pour la poursuite de ce travail, il écrit : « Remerciez Dieu de la grâce qui vous a été faite et du nouveau départ que permettent les circonstances présentes. »

Puis, en des mots d’une gravité toute particulière, il constate que l’accompagnement dont l’Institut a été l’objet de la part du Siège apostolique depuis le début de son pontificat n’a pas toujours été « adéquat ». Il fait état de « défaillances » de la part de certaines instances de la Curie pontificale, et, soucieux d’en assumer la responsabilité, il présente des excuses à l’Institut. Il reconnaît que l’accompagnement des personnes adultes « victimes d’abus » en 2012-2013 a été déficient, précisant qu’elles n’ont pas été entendues à cette époque par les autorités romaines et que les démarches adaptées de soutien n’ont pas été réalisées. Depuis la Visite de 2020-2021, ces victimes sont accompagnées avec soin. Des procédures étatiques et canoniques sont en cours.

Le Saint-Père précise aussi que la « réhabilitation » du fondateur de l’Institut, le Père Victor-Alain Berto, demandée par la Commission Ecclesia Dei sur la base de son analyse imparfaite de la situation, « ne peut pas être maintenue sans nuances » en raison d’éléments mis en lumière au cours de la Visite apostolique.

L’Institut, conscient de sa responsabilité à l’égard des personnes concernées par ces différents manquements, souhaite leur exprimer ici une demande de pardon et poursuivre le travail de transparence, de vérité et de pacification commencé, selon la demande du Saint-Père lui-même : « Je souhaite que les moyens soient pris pour soulager et permettre la reconstruction des personnes qui en ont besoin ».

Même si la Visite apostolique est terminée, le Saint-Père confie la suite de l’accompagnement de l’Institut des Dominicaines du Saint-Esprit, jusqu’à nouvel ordre, au Cardinal Marc Ouellet et lui redit sa confiance, ainsi qu’au Père Henry Donneaud, o.p., nommé Assistant Apostolique en septembre dernier pour veiller à la mise en œuvre des orientations qu’il a données à la suite de la Visite.

Le Pape François invite les sœurs à continuer à vivre de leur charisme au service de la jeunesse, « dans une communion toujours plus grande à la réalité de l’Eglise ».

Il termine sa lettre en invoquant la bénédiction du Seigneur sur chacune, sur leurs familles, leurs écoles et leurs bienfaiteurs, avec des mots chargés de bienveillance paternelle et d’espérance pour l’Institut.

Le cœur rempli de gratitude filiale à l’égard du Souverain Pontife, les Dominicaines du Saint-Esprit ont conscience que cette lettre unique marque une étape pour elles et ouvre un nouveau chemin.

Elles se confient à vos prières et vous redisent leur désir de chercher à toujours mieux vivre selon leur charisme propre au service du Christ et de son Eglise.

Mère Marie de Saint-Charles, Prieure générale, et le Conseil de l’Institut.

 

Suite à la publication de ce communiqué, une ancienne soeur professe de l’Institut nous a demandé de faire paraître sa réaction, ce que nous faisons volontiers :

Je m’appelle Anne Couturaud, anciennement Soeur Marie Liesse, entrée au noviciat le 21 mai 2005, ayant fait profession temporaire le 6 janvier 2007 et profession perpétuelle le 2 janvier 2010. J’ai vécu dans la communauté Notre Dame de Joie à Poncalec de 2004 à 2014, dans la communauté Notre Dame de Miséricorde au Plan d’Aups de 2014 à 2015, dans la communauté Saint Joseph à Draguignan en 2016.
                  En avril 2016, j’ai demandé à vivre hors d’une des communautés de l’Institut pour pouvoir me reconstruire de l’emprise et des abus que j’y avais subis.

Le 7 septembre 2021, avec l’avis favorable du Conseil de l’Institut, l’avis favorable de Soeur Marie de Saint Charles, supérieure générale et l’autorisation donnée par le Saint-Père François, le cardinal Ouellet m’accordait l’indult de sortie définitive de la Sodalité des Vierges Dominicaines du Saint Esprit et la dispense de mon voeu de virginité et de mes deux promesses prononcées au sein de l’Institut ; de plus, il me transmettait « l’assurance de [sa] prière pour [mon] chemin de reconstruction et de guérison intérieure ».


                  Le 29 janvier 2022, Mère Emmanuelle Desjobert me téléphonait pour me lire une lettre du Saint-Père François reçue par l’Institut des dominicaines du Saint Esprit. Le même jour, son contenu était rendu public par la diffusion sur le site internet de l’Institut d’un communiqué intitulé « lettre du pape François aux dominicaines du Saint Esprit ».


                  Plus d’un an après, et toujours dans l’espoir d’une démarche de l’Institut envers les
victimes, je désire que ce communiqué puisse être corrigé sur les points suivants, afin de le rendre
fidèle à la lettre reçue du pape :

      • Il est ainsi noté que l’accompagnement des personnes adultes victimes d’abus en 2012-
        2013 a été déficient. Or, dans sa lettre, le pape ne circonscrit pas la période de ces abus :
        « certaines situations de personnes n’ont pas été accompagnées pendant plusieurs années,
        notamment des victimes d’abus », abus dont j’ai pu témoigner que certains avaient débuté à
        Notre Dame de Joie dès 2010. Ils se sont donc étalés sur au moins 3 ans, blessant d’autant
        plus profondément les personnes.
      • Ensuite, le communiqué affirme que depuis la visite de 2020-2021, ces victimes sont
        accompagnées avec soin. Cette phrase ne figure pas dans la lettre du pape, qui dit : « je
        souhaite que les moyens soient pris pour soulager et permettre la reconstruction des
        personnes qui en ont besoin ». Il me semble nécessaire d’indiquer qu’aucune démarche
        concrète n’a été entamée envers moi depuis la publication de ce communiqué ; donc on ne
        peut dire que je suis « accompagnée avec soin ».
      • Le communiqué précise ensuite que des procédures étatiques et canoniques sont en cours.
        Le pape n’en parle pas dans sa lettre. Ces procédures, et surtout leurs suites, ne me sont pas
        communiquées avec précision ; si elles sont en cours ou que des jugements ont été rendus
        contre les mis en cause par la justice canonique ou civile, cela ne m’a jamais été
        communiqué explicitement et par écrit.
      • Je regrette enfin que la demande de pardon écrite dans le communiqué ne m’ait jamais été
        exprimée personnellement. Je n’en ai eu connaissance que par un tiers qui m’en a fait
        lecture plusieurs mois après sa publication sur le site de l’Institut des dominicaines du Saint
        esprit. Si j’y vois une maladresse, je juge cette demande irrecevable en l’état.

Aujourd’hui, je suis prête à aider l’Institut à s’engager, pour le bien des victimes, dans un sincère « travail de transparence, de vérité et de pacification » selon le désir qu’il exprime dans son communiqué. Et j’ajoute : un chemin de vérité.